Une œuvre, un artiste : exposition à venir
Chaque exposition est l’occasion de braquer le projecteur sur une œuvre. Une création emblématique dans le parcours d’un artiste retenant notre attention par sa puissance d’évocation, sa poésie. Une forme inédite qui dévoile sa nouveauté, nous étonne, peut parfois nous déranger. Analyse esthétique, fortune critique, autant d’éléments donnant envie de percer le mystère, de mieux comprendre la démarche d’un artiste. Donner envie aussi de venir à l’Espace Art et Liberté pour appréhender la création en chair et en os.
Cette rubrique permet aussi la rencontre virtuelle avec un artiste sous la forme d’interviews, d’écrits, éventuellement de photos ou de vidéos. L’occasion de sonder l’univers, la personnalité d’un artiste pour mieux appréhender ses créations.
ROMAIN FROQUET
Prochainement à l'Espace Art et Liberté

Une œuvre
Romain Froquet, est un artiste français, né à Villeurbanne en 1982. Il vit et travaille à Paris. Artiste autodidacte il fait ses premiers pas dans le domaine de la création à la fin des années 90, sa carrière artistique s’élance en l'an 2000. L’art ethnique et l’univers urbain alimentent son inspiration. Les références fleurissent dans ses œuvres d’art, notamment Gorky, Pollock, De Kooning…
Romain Froquet offre une richesse de styles et de références. Par un processus répétitif et un travail de la ligne, il compose un langage pictural bien singulier, reflet de son subconscient. Aux confins de l’abstraction et de la figuration, au carrefour du geste et de la ligne, le travail de Romain Froquet mène une bataille surréaliste. A la recherche de l’équilibre, son geste est au service d’une quête infinie. Artiste autodidacte, fait ses premiers pas dans le domaine de la création à la fin des années 90. Il exprime son talent au travers d’un travail fondé sur la répétition de la ligne et finit par développer son propre langage pictural. Il puise ses inspirations dans l’art tribal et dans l’univers urbain. Son art protéiforme lui ouvre la voie de toutes les expérimentations ; il explore de nombreux supports, exécutant des dessins à l’encre de chine sur papier, travaillant la matière et la couleur sur toile en atelier, ou explorant l’ampleur du mouvement lors d’intervention in situ. Sa quête principale est la recherche de l’équilibre au travers de la gestuelle.
« Avant de démarrer une création, j’effectue toujours un travail d’esquisse, à la recherche d’une composition équilibrée. L’Ipad est un outil actuel qui ne remplacera jamais mon carnet de croquis, mais qui me permet de faire preuve de plus de spontanéité, et offre un gain de temps dans ma première étape de création. Ma pratique du dessin est quotidienne, cet outil me permet de le pratiquer en tout lieu.
Un support vivant ” :
En atelier, je travaille aussi sur bois. Ce sont des tranches de chêne non délignées, avec une verticalité de la coupe qui suit les veines du bois. C’est un support vivant que j’affectionne tout particulièrement. Il est pleinement en lien avec mes premières inspirations portées vers l’art primitif et la représentation des totems. J’ai toujours travaillé autour du symbole de l’arbre et des racines. La création y est plus délicate et minutieuse, à l’encre de Chine et à l’aquarelle pour garder en transparence la veinure du bois. »
Sa carrière artistique se construit au gré de ses expositions personnelles et collectives en France et à l’international :
Même à sec la rivière garde son nom (2019, Galerie Joël Knafo, Paris). Scope (2019, Askeri Gallery, Miami). Légendes Urbaines (2018, Base sous-marine, Bordeaux). The nature of magnetism (2018, Askeri Gallery, Moscou). Gesture and Line (2015, Yvonamor Palix gallery, Houston)
En parallèle, Romain Froquet a pu réaliser des interventions picturales in situ: Murs Murs Festival (2019, Decazeville, France) | Conquête Urbaine(2019, Musée des Beaux-Arts de Calais, France) |Marseille Street Art Show(2018, France) | Crossroads (2017, Wynwood, US) Art 42 (2016,Musée d’ArtUrbain, Paris) | Radiographik (2016, Maison de la Radio,Paris)

LAURA HIRENNAU
Pian di Pan

Une œuvre
« Enquête sur territoire » : Il s’agit d’une série de tableaux technique mixte, huile et peinture acrylique sur bois, représentant le territoire italien contemporain de façon hyperréaliste. C’est un vrai safari pour raconter l’actualité des transformations survenues sur l’ancien territoire agricole depuis les années cinquante. " Je choisis d’élaborer ce reportage à la peinture plutôt que à la photographie parce que c’est une technique artistique avec des matériaux traditionnels. Je n'ajoute pas de commentaires à la représentation, c'est l'observateur qui pose son jugement esthétique. Je dirais que je regarde le territoire par une voiture en course, la route comme mon étude de cas, où l’on perçoit les transformations encore visibles. Industrialisation, commercialisation, perte de l'identité des lieux, qui sont devenus des conteneurs de fonctions. L'aspect architectural des bâtiments aussi a changé, à cause de l’abandon des matériaux traditionnels avec la préfabrication. Mes œuvres évoquent cette nouvelle esthétique."
Un artiste
Laura Hirennau est née à Udine (Italie) en 1975.
En 1989, elle débute sa formation artistique à l’Institut d’Art d’Udine, puis à l’ISIA (Institut Supérieur pour les Industries Artistiques) de Urbino (Italie), et à l’université d’architecture de Venise (Italie). Elle a été élève de Riccardo Toffoletti et Italo Zannier, artistes majeurs de la photographie néo réaliste italienne.
En 1999, elle s’essaye à l’illustration avec un travail sur la fiction pour l’enfance pour lequel elle obtient un prix à Bordano (Italie) en 2004. Après l’obtention de son diplôme en 2002, elle travaille en tant qu’architecte puis ouvre son propre cabinet d’architecture en 2006. Elle continue parallèlement ses propres recherches dans le champ des arts visuels.
Ses photographies sont exposées au pavillon Italie aux Giardini di Venezia (2002) et sélectionnées par le CRAF (Centre de Recherche et d’Archive de la Photographie) pour différentes expositions collectives à Spilimbergo (Italie, 2012) et au Museo di Travester de Rome (Italie, 2014), au côté des meilleurs photographes italiens. En 2011 elle réalise et publie son premier livre illustré, le guide du Musée Diocesain de Udine.
Depuis 2011, à travers une technique picturale qui lui est propre, elle a commencé à documenter les principaux changements survenus dans le territoire de la région du Frioul et dans le paysage italien, des années 50 à aujourd’hui. Ce travail a obtenu le prix Satura 2011 avec une exposition au Palazzo Stella de Genes (Italie) et a été suivi d’expositions en Italie, Suisse et France.
MOSKO

Une œuvre
Une oeuvre
Un mur, des tigres et des papillons, Mosko a fait de la jungle urbaine son terrain privilégié. Le mur comme support, espace vivant par sa structure et sa matérialité. Les animaux sont les figures colorées d’un langage universel. Le bestiaire qui a servi le propos de nombreux artistes dans l’histoire de l’art, s’impose dans la rue comme un sujet simple, accessible à tous. Mosko peint le jour et en public pour mieux interagir avec le lui. Cette œuvre est réalisée au pochoir et finalisée au pinceau. Le choix du support n’est pas neutre, l’artiste exploite la coloration et les aspérités du mur. Il joue de la tension entre la palette pop et lumineuse et le fond gris. Mosko aime les quartiers populaires et cosmopolites. Le style semble naïf sans jamais être kitch. Le fait d’intervenir sur une surface ravalée et blanche serait contraire à son inspiration. « Une devanture murée depuis dix ans est contente d’accueillir de la couleur », Mosko utilise désormais un pochoir unique. Il reste un adepte de cette technique, système de reproduction rapide permettant de traiter la polychromie, la perspective et la diversité par une approche la plus réaliste possible. Mosko a trouvé avec la rue le moyen d’exprimer sa poésie, de façon éphémère mais inépuisable. Dans une synergie, une trinité reliant la cité, les habitants et l’artiste.
Frédéric Mette.
Un artiste
Un artiste:
Un artiste atypique dont le langage a laissé son empreinte dans nos villes. Mosko est un artiste majeur dans l'art urbain reconnu aujourd'hui dans notre pays et bien au-delà de nos frontières.
Vous avez sans doute croisé un jour au détour d'une rue de Paris l'une des figures de son fabuleux bestiaire. Mosko pensait que la ville était triste et décida un jour d'y apporter la couleur.
Ainsi en 1989, Gérard Laux commence à peindre des animaux de la savane signés Mosko dans le quartier
en péril de la Moskowa du 18e arrondissement. Autodidacte et graphiste de formation il s'oriente tout naturellement vers le pochoir. L'aventure devient collective avec son ami et associé Michel Allemand. Ils signent ainsi au début de l'aventure « Mosko et associés », et ont une même et simple ambition : embellir le cadre de vie.
Mosko a toujours eu l'ambition d'interagir avec l'environnement, d'intervenir dans des lieux abandonnés afin d'embellir le cadre de vie. Contrairement aux graffeurs qui interviennent souvent la nuit, Mosko peint le jour et en public. Ainsi la réception des oeuvres est immédiate. Des quartiers de Paris, en banlieue jusqu'à La Havane, on vit ainsi proliférer une faune bigarrée.
En 2004, il transpose les animaux de la rue à la galerie avec la sortie du livre Peignez la girafe. Girafes, zèbres, félins sont peints sur bois et autres supports de récupération, et accèdent ainsi à une toute autre réalité. Mosko développe désormais son travail dans l'atelier tout en continuant à peindre dans la rue.
La reconnaissance de son oeuvre et l’aval des institutions le confortent dans ses efforts et lui permettent de trouver sa place sur le marché de l’art. Expositions collectives et personnelles en France, à l'étranger se succèdent. Sa participation remarquée à la Tour Paris 13 renforce encore un peu plus sa notoriété.
A partir de 2015, il retrouve sa signature originelle à savoir MOSKO. Tout en persistant sur le thème animalier, cette année marque le début d'une nouvelle approche technique: il utilise désormais pleinement la peinture acrylique et le pinceau. L'usage d'un pochoir monochrome de finalisation devient alors un simple outil. Cette nouvelle orientation le libère et apporte une grande fraîcheur, un renouveau.
« Que vive l'art libre » : Mosko a fait de ce crédo une marque de fabrique, alors je pense qu'il était naturel qu'il soit invité d'honneur de notre Salon de Charenton, au sein de l'Espace Art et Liberté.
Evénements artistiques récents
juillet 2016 : Street art, a global view, curaté par Magda Danysz, CAFA art museum, Pékin
juin 2016 : Le Grand Huit, La Réserve Malakoff
mai 2016 : Beyruth wall, galerie Mark Hachem, expo collective et résidence, Beyrouth
avril 2016 : Urban art fair, Next street gallery, Paris
juillet 2015 : Xucun project, résidence et peintures murales, République populaire de Chine
juin 2015, 61 Charlotte street, galerie Magda Danysz, Londres
avril 2015 : Sur les murs, Crédit municipal, Paris
mars 2015 : 3e biennale d'art urbain, Sarrebrück, Allemagne
octobre 2014 : Under the wave, piscine Molitor, Paris
octobre 2014 : Traits d'union 4, Albatros, Montreuil
septembre 2014 : The Bridge, La Voie est libre, Montreuil
juillet 2014 : Peau de girafe, mur participatif, Montreuil
juin 2014 : In situ, Aubervilliers
juin 2014 : Djerbahood, Erriadh Tunisie
octobre 2013 : Tour Paris 13
Expositions personnelles récentes
août 2016 : Les animaux de Mosko migrent à la Réserve Malakoff, Le Grand Huit, Malakoff
avril 2016 : Mosko solo - show !, galerie Le Cabinet d'amateur
octobre 2015 : Du temps où les bêtes parlaient, galerie Nicole Buck, Strasbourg
mai 2014 : Il ne leur manque que la parole, galerie l'Art à palabres
octobre 2013 : Retour d'Inde, galerie Oblique
novembre 2011 : Félins, galerie Oblique
mai/juin 2011 : Hors les murs, galerie Le Cabinet d'amateur
avril/mai 2011 : Autour de la girafe, galerie Ligne 13
mars 2011 : Art urbain, rétrospective au château des Bouillants, Dammaries-les-Lys
Albert Lauzero
« Les quatre éléments ». Huile sur toile - 162X130 - 1991

Une œuvre
Qui mieux qu’Albert Lauzero pour illustrer le thème du paysage tant sa peinture est une interprétation sensible et singulière de la nature. Albert Lauzero ne représente pas le sujet, il nous le fait ressentir. La peinture de Lauzero se situerait quelque-part entre le visible et le non-visible, entre figuration et abstraction, entre le trait et la couleur. Ses grandes compositions font vibrer dans un même élan les formes et la couleur. « Animer le rythme abstrait, aller au plus profond, jusqu’au mystère inexpliqué ». Son ami Jack Renaud disait ainsi : « ressentir le poème de la peinture de Lauzero c’est ouvrir une porte vers la lumière. » Face au paysage on éprouve une de forme vérité, la force d’une expression authentique. Son art est fait de cette rigoureuse simplicité excluant toute tricherie. Les 4 éléments sont une synthèse entre les signes graphiques de la structure, la dynamique de la composition et l’association quasi scientifique des couleurs. L’orchestration de tons colorés qui jouent en harmonie de nuances délicates. Une œuvre qui se déploie entre tons froids et tons chauds avec une élégance rare. Les 4 éléments se rejoignent dans un même mouvement de vie.
« Les arbres » si beaux d’Albert Lauzero sont une belle métaphore. Comme l’arbre, la peinture prend racine dans l’invisible pour exprimer le beau.
Un artiste
Albert Lauzero (1909-2006)
Grand peintre de la figuration française du XXème siècle, Albert Lauzero est né le 16 août 1909 à Fleurance (Gers). Il est attiré rapidement dans sa jeunesse par la peinture, il va recevoir les conseils d’Yves Brayer et Othon Friesz à l’Académie de la Grande Chaumière et apprend la technique de la gravure à l’atelier de Paul Bornet. Très vite sa peinture, son langage singulier sont remarqués par la critique. Il participe dès les années 50 aux Grands Salons Parisiens (Automne, Indépendants, Nationale de Beaux-Arts, Peinture à l’eau) Il voyage en Hollande et en Egypte dans ses années. A partir de 1957, à la suite de nombreux séjours en Baie de Somme, il abandonne peu à peu la peinture sur le motif pour une peinture plus élaborée en atelier. Il dit ainsi : « Un nouveau style de travail issu de la réflexion m’amène à marier un style au chromatisme élaboré mais avec des recherches de structures poursuivies en dessin et aussi grâce à l’eau forte.» Des voyages à Venise et en Espagne vont fortement inspirer son œuvre. Il expose au début des années 60 Galerie Durand-Ruel. Les musiciens vont être un thème récurrent dans sa peinture. Il assiste à des concerts, réalise des croquis qui deviendront de grandes toiles. En 1970, il est fait Chevalier de l’Ordre National du Mérite. Membre du comité du Salon d’Automne à partir de 1972, il va être mis à l’honneur dans de nombreux Salons en France et à l’étranger. (Australie, Japon, USA, Iran, Bulgarie, Pologne, Canada, Allemagne) En 1983 il fut membre fondateur du groupe « 109 ».
Collections : Etat Français, Ville de Paris, Musée d’Ile de France de Sceaux, Musée de Meudon, de Toulouse, Fontainebleau et de l’Isle Adam. Conseil Général de Val d’Oise. Œuvres dans de nombreuses collections en France, en Suisse, en Grande Bretagne, USA, Vénézuela, Allemagne.
Camille BRYEN
« Sans titre » gouache sur papier 38x29 cm, 1958

Une œuvre
Une peinture, abstraction bleue, un espace, un champ libre. Le geste réduit à son expression la plus réduite, imperceptible. Camille Bryen récuse le signe, le style, toute expressivité de texture et d’écriture, se laissant porter par les ondes mystérieuses de la couleur et les mouvements incontrôlés de sa main. Bleus outremer, indigo et cadmium constituent la base de sa palette, associés ici à des ocres jaunes et noirs d’ivoire tellement discrets. La forme se dissout dans une douce lumière presque atlantique, peut être celle de son enfance. Jean Grenier a défini le climat régnant dans l’œuvre de Bryen comme « un mysticisme atmosphérique ». Cette gouache est vivante, vibrante, intense et tellement profonde et à la fois. L’animation de la surface se fait en dehors de toute composition, de toute structure. La tache de peinture envahit tout, restent alors les rapports de valeurs entre les couleurs, les contrastes plus ou moins denses. Une délicate alchimie opère soudain, la poésie surgit là où l’on ne l’attend pas. Pure moment de bonheur !
Frédéric Mette

Un artiste
Camille Bryen (1907-1977)
Hommage à un grand peintre abstrait du XXème siècle. Il fut poète avant d’être peintre et déclara un jour : « je peins pour ne plus écrire ». Dans l’élan de l’abstraction lyrique, il va rompre avec le signe, faire éclater la composition. Dans sa peinture, la tache envahit sans distinction la surface et va définir ce qu’il nomme en 1955 « un style d’être ».
Camille Bryen, peintre et poète, est né à Nantes en 1907. Il se fixe à Paris en 1926 et à vingt ans, il publie son premier recueil de poèmes. Dans les années 1930, il crée des sculptures dans l’esprit Dada qu’il abandonne dans la nature. Par la suite il alterne la parution de ses poèmes et les expositions de sa peinture. En 1945, Il signe le manifeste Les Brûlots de la Peur avec Breton, Artaud, Adamov. En 1947, il participe à l’exposition « Le Surréalisme » à Bruxelles et à la création du Mouvement de la Non-Figuration dans ces mou-vements ses amis d’avant-guerre, le dadaïste Jean Arp et les photographes Raoul Ubac et Wolfgang Wols. A partir de 1950, ses œuvres sont présentées régulièrement dans des expositions personnelles et collectives en France comme à l’étranger : en 1960, il expose à la Biennale de Venise et l’année suivante à celle de Sao Paulo. En 1973, le Musée National d’Art Moderne à Paris, lui consacre une importante rétrospective. Camille Bryen est mort à Paris en 1977. Le musée de Nantes est le dépositaire des œuvres restant dans son atelier.
La galerie de Seine et la galerie Tessa Herold lui ont consacré plusieurs expositions depuis 1971. Aujourd’hui, la galerie Thessa Herold présente un ensemble de dessins, aquarelles, huiles et collages de 1934 à 1976.
« Bryen, pour qui la peinture est une fonction et non une expression, trouvait dans le premier élan de de l'abstraction lyrique un état parfaitement adapté à ses recherches: un véhicule de communication ne transmettant aucun message, mais permettant de s'assurer de la réalité autonome; il ne restait à Bryen qu'une issue, celle de l'anéantissement des signes. C'est à cette tentative qu'il s'emploie à partir de 1953 en utilisant la tâche de couleur pour couvrir la surface de la toile. Le signe, qui jusqu'alors paraissait encore autonome par rapport au fond sur lequel il se détachait avec plus ou moins de précision, commence à s'imbriquer dans celui-ci. Il devient une sorte de résille où viennent s'arrimer de petites surfaces colorées simplement juxtaposées. Le point ultime de cette évolution sera atteint en 1956 date à laquelle toute écriture linéaire disparaît du tableau, consommant la désintégration de toute structure évidente pour laisser place à une souple organisation des masses colorées. Ainsi est véritablement atteint le stade informel de la peinture, mot employé pour la première fois en juin 1951 au sujet de l'œuvre de Bryen, dont on connaît le succès, mais auquel peu d'œuvres sont réellement parvenues. En évitant l'écueil du signe et de son inévitable sclérose, Bryen débouche par là même dans un terrain inexploré où par une toute autre voie, aux USA, Jackson Pollock et Marck Tobey parviennent également. Leurs interrogations différentes se rejoignent sur le problème implicite à toute peinture mais particulièrement aigu dans l'art moderne, des rapports de l'image et de la surface de la toile. » Extrait du texte de Daniel Abadie « Bryen abhomme »
J'ai toujours aimé voyager, sortir de mon paysage, être hors situation. Peindre c'est voyager. Parfois, dans cette vacuité, un obstacle imprévu vous arrête, vous personnellement, un état de conscience surgit. Il fallait pour ce branle-bas vouloir aller quelque part, pour découvrir, être découvert. Celui qui ne peint pas inspire sans doute toute peinture sans en exécuter jamais »
Mes recherches tendent à vivre l'inconditionné; j'ai voulu dissoudre la forme, et pas seulement la géométrie. Je ne pouvais attaquer la forme qu'en faisant des non-formes. Je me suis aperçu alors que la forme réapparaissait... J'obtenais ce que j'ai appelé des non-formes. Rimbaud n'at-il pas écrit dans la lettre au voyant: « L'esprit qui tire et qui accroche donne forme ou informe. » C'était une tentative mystique non figurative. Je suis resté fidèle à son esprit. Extraits entretien du 30 juin 1961 sur France Culture avec Jean Grenier
« Je ne suis engagé dans aucun système; il est sûr que tout ce que je suis capable d'exprimer, je ne le fais que par rapport à une réalité intérieure que constitue mon appréhension personnelle du monde. » Camille Bryen
Hervé LOILIER
« La salute et San Marco » (100x81) Huile sur toile.

Une œuvre
Venise cité des eaux, ville idéale pour Hervé Loilier qui avoue voir l'univers par le prisme de la perle italienne. Et pourtant, combien se sont heurtés à la difficulté de peindre ce lieu magique sans tomber dans les clichés et lieux communs. Hervé Loilier évoque l'atmosphère de la cité vénitienne avec émoi, reflet de son âme et de ses sentiments face à la majesté du paysage. La composition de la « salute » laisse vivre la sincérité d'un pinceau alerte et fluide. La mer, l'architecture, le ciel ne font plus qu'un, emportés dans « un vent de couleurs venant caresser les espaces et les faire fondre ». Le tableau est traité dans des dominantes de bleus, les façades colorées d'oranges, de roses et de vermillons vibrent de lumière par association des complémentaires. Les formes et les contours se diluent dans la couleur, pour autant le dessin et la composition sont précis. Synthèse réussie entre la couleur et le dessin, la peinture d'Hervé Loilier est expressive, maîtrisée et pulsionnelle à la fois. Elle laisse entrevoir les traces du pinceau, la prégnance du geste. Les couleurs pures libèrent toute leur puissance d'évocation. Aux nuances délicates des bleus et outremers du premier plan répond le mouvement des nuages où se glissent des touches subtiles de gris et de vert. Les lignes, les formes, les volumes et les couleurs constituent son langage. Pour l'artiste, « l'art est un vecteur essentiel permettant d'aller vers l'indéfinissable, le non-dit. » Devant la Sainte Victoire, Cézanne ne voulait-il pas rendre visible l'invisible ? La « salute » d'Hervé Loilier n'a rien de la banale carte postale mais constitue un témoignage sincère exprimant avec force la vérité du peintre défiant le paysage.
Frédéric Mette

Un artiste
Hervé Loilier est né à Paris le 18 mars 1948. Ancien élève de l’École polytechnique (promotion 1967).
Ancien élève de l’ENSAD (1970/1971 atelier Röhner). Il fréquente l’Académie libre de la Grande Chaumière (1972/1973 atelier Pierre Jérôme). Il a enseigné les arts à l’École polytechnique de 1973 à 2012 :
Maître de conférences de 1973 à 2000 Professeur associé de 2000 à 2012.
Vice-président du département Humanités et Sciences Sociales et responsable de l’enseignement des arts de 1990 à 2010. Il a créé un cours magistral d’histoire de l’art en 1989.
Président du salon Violet de 1994 à 1997, il est président d'honneur de ce même salon depuis 1998. Il est sociétaire du Salon d'Automne, membre associé de la SNBA. Il est chef du groupe « Transposition figurative » au salon Comparaisons. Président 2007 des Rencontres d’Art contemporain de Calvi.
De nombreux prix et médailles ont récompensé son œuvre.Depuis 1990, il a été invité d’honneur d’une quarantaine de salons. Articles biographiques dans plusieurs dictionnaires, dont l’édition 1999 du Bénézit.
LITTLE K
« Adidas superstar » Création en carton

Une œuvre
En choisissant une chaussure de tennis comme sujet, Little k nous invite dans son univers à travers les objets, les vêtements standards qui peuplent notre quotidien. Une chaussure mais pas n'importe laquelle, la célèbre Stan Smith portée depuis les années 70 par de nombreuses générations. Une chaussure à nouveau à la mode ces dernier temps. « Des chaussures de marque dit l'artiste qui suscitaient le désir dans mon enfance. »
Little K est passé maître dans l’utilisation du carton, le médium sublime le réel. Il échappe à la représentation mimétique du réel dans ses oeuvres en révélant la matière cartonnée, sa texture et sa coloration. L'utilisation du carton n'est pas neutre, matériau proche à chacun et facilement disponible, il se transforme avec des outils accessibles à tous..
L'artiste s'inspire beaucoup des objets emblématiques du mouvement Hip-Hop qui sont redis en carton.
«Animé de ce plaisir de recréer, je fabrique des objets dont l’esthétique combine qualité plastique et valorisation d’un matériau récupéré. Cet acte s’accomplit dans le choix d’objets que j’aurai voulu avoir. Enfant, je voulais partir dans l’espace, c’est pourquoi j’ai construit une fusée. Ado, je voulais avoir un booster Mbk, une platine Mk2, etc… ».
Un artiste
Little k est un jeune artiste trentenaire qui vit et travaille Orly. André-Kim s'est lancé dans le monde des arts avec la pâte Fino en sculptant des petits personnages collés au hasard de ses voyages, sa version globe-trotteuse du street-art qui lui valut le nom de Little K. Il s'est interrogé ensuite sur la fameuse expression « bling-bling », les clips des rappeurs exhibant les grosses médailles, les grosses voitures et jolies filles. Puis vinrent les objets du quotidien, les objets intimes et la poésie du banal.
Frédéric Mette
https://www.youtube.com/watch?v=jhgDm0ZKYVI
Marc Ronet
"Paysage brun et rouge" 2013-5, huile et crayon sur toile, 97x130

Une œuvre
"Le paysage n'a pas de structure propre permanente et reconnaissable. Il est par lui-même changeant"
Roger Callois
Dans sa définition traditionnelle, le paysage est un genre représentant une configuration géographique naturelle ou urbaine. Depuis le début du XXème siècle les sentiments et sensations de l’artiste face au paysage l’emportent sur la tentation de représentation du réel. Olivier Céna affirme qu’il peut être pour l’artiste un autoportrait de l’âme.
"Paysage brun et rouge" est une peinture de Marc Ronet à la lumière flamande, un paysage qui nous saisit par la puissance des éléments qu'il met en oeuvre. Sans obsession du réalisme ni tentation des effets de couleur et de matière, il sait que la peinture est un exercice précaire, un équilibre permanent à trouver. Marc Ronet nous invite à entrer dans le paysage, à l’éprouver physiquement. On sent le vent, la violence des éléments qui se déchainent. Paysage à la fois dur et hostile, sensuel et généreux dans sa matière, il séduit par ses nuances d'ocres et de verts. Une touche de rouge en bas à gauche éclaire de subtilité. Dans le ciel, des jaunes délicatement enfouis réapparaissent avec élégance. Motif rayé et zébré par des lignes courtes qui sillonnent les toiles dans tous les sens. Des lignes discontinues sans aucune fonction descriptive, des segments qui s'interrompent sans raison logique nous dit Itzhak Golberg. L’image produite exprime le sujet dans sa vérité, elle n’est pas impressionniste, elle suspend le temps. Paysage intemporel et universel mais paysage en mouvement. Une peinture complexe qui ne définit jamais de façon précise les limites entre l'abstraction et la figuration.
Le monde de l’art contemporain consacre souvent les produits éphémères et aseptisés de l’industrie culturelle. La peinture de Marc Ronet est une forme de résistance, elle propose un autre rapport au temps. Elle nous oriente vers l’essence même des choses, nous invite à la contemplation et à la méditation.
Frédéric Mette.22 août 2015

Un artiste
Marc Ronet est sans aucun doute un des plus grands peintre de sa génération en France. Il fut ami et complice d’ Eugène Leroy peintre majeur du 20e siècle.
Né en 1937 à Marcq-en-Barœul, après une formation à l'Académie Saint-Luc de Tournai où Eugène Dodeigne fut son professeur, Marc Ronet suivit l'enseignement de l'Ecole des Arts Appliqués à Paris. En 1954, sa première exposition, à la galerie Renar, à Roubaix, fut parrainée par Eugène Leroy et l'inscrit dans l'aventure du Groupe de Roubaix. Depuis plus de 40 ans, avec une exigence et une cohérence exceptionnelles, Marc Ronet pose la question de la peinture et de son actualité dans le débat artistique contemporain. Il est passé d’une quête de la lumière au travers d’autoportraits, paysages et natures mortes, au questionnement sur la place de l’objet et son rôle dans la peinture : « Qu’est-ce que la peinture ? Comment aujourd’hui peindre un vase sur une table ? ». Au-delà de la représentation, il fouille et retourne la matière de la peinture et du papier, écartant toute intention spectaculaire pour ne faire surgir que l’irréductible résultat de ses découvertes. Le Musée Eugène Leroy (Beaux-Arts de Tourcoing MUba) et le Musée d’Art et d’Industrie André Diligent (Piscine de Roubaix) lui ont consacré des expositions personnelles, pour rendre hommage à ce parcours et à cette démarche remarquables. Le vide des boîtes ou caisses (1990) et des Lieux interdits (1998) affirment le lieu de la peinture, presque au bord de l'abstrait.
Découvrez une interview de Marc Ronet sur le site de News Art Today ici.